Compte rendu de la réunion publique du 7 octobre 2017

 


Suite à la réunion publique, qui s'est déroulée le samedi 7 octobre 2017 à la salle Gérard Philippe à La Rochelle, voici un résumé de ce qui a été présenté.

Nous remercions tous les participants,

A bientôt pour notre prochaine réunion publique.

 

L'équipe de "Respire - école démocratique de La Rochelle"

 

 

Après une présentation du projet et des participants présents, plusieurs questions ont été abordées :

 

1. Qu’est-ce qu’une école démocratique ?

 

Les écoles Sudbury pratiquent une forme d'éducation, dans laquelle les étudiants décident individuellement de ce qu'ils font de leur temps, et leurs apprentissages sont le produit d'expériences ordinaires, plutôt que de cours ou d'un programme standard.

Les étudiants portent la totale responsabilité pour leur propre éducation et l'école est gérée par une démocratie directe dans laquelle les étudiants et le personnel ont une voix égale.

 

Voyons plus en détail ce que veut dire une école démocratique d’inspiration Sudbury.

 

Les 7 caractéristiques principales :

 

1) Du temps, de l’espace et du matériel

Selon Peter GRAY (psychologue du développement, directeur de recherche au Boston Collège), les enfants libres de poursuivre leurs propres centres d’intérêt au travers du jeu, assimilent tout ce qu’ils ont besoin de savoir, et le font de plus avec énergie et passion.

L'auto-éducation à travers le jeu et l'exploration nécessite énormément de temps non-planifié :

Du temps, pour être, faire, expérimenter, échanger des idées, faire l’expérience de l’ennui, manipuler des matériaux… tout cela sans jugement ni pression.

De l’espace, pour jouer, créer, construire, explorer, s’aérer…

Car il en faut du temps et de l’espace pour se faire des amis, jouer, se débrouiller, ressentir et surmonter l’ennui, développer des passions,…, en somme pour apprendre à se connaître.

Les écoles démocratiques Sudbury offrent ce temps et cet espace à leurs membres, et mettent à leur disposition du matériel nécessaire pour jouer, expérimenter et donc apprendre tout ce dont ils ont besoin.

 

2) Le mélange des âges

L'école permet aux enfants de vivre avec des personnes de tous âges quotidiennement.

Ce mélange des âges permet de créer une interaction entre les grands et les plus jeunes, tellement bénéfique aux uns comme aux autres :

  • Des enfants d’âges différents pour s’inspirer les uns des autres, s’imiter, communiquer, échanger leurs idées, leurs opinions, expliquer, montrer des choses et jouer ensemble. Ainsi, les plus jeunes pourront s’inspirer des plus âgés, acquérir des compétences, des informations et oser entreprendre des activités qu’ils n’auraient pas pu faire seuls ou avec des enfants de leur âge.
  • Les plus grands apprendront aussi à prendre soin des petits et pourront développer ainsi leur responsabilité envers les autres. Ils consolideront leurs propres connaissances, en expliquant des choses aux plus jeunes et développeront leur façon de s’exprimer.
  • Au contact des plus jeunes, les grands préserveront leur âme d’enfant qui s’enthousiasme à chaque instant et s’inspireront de la grande créativité de leur cadet.

Peter GRAY l’explique très bien dans « Libre pour apprendre », il nous dit :

« De même que les plus âgés, en pratiquant sous leurs yeux des activités expertes, donnent envie aux plus jeunes de s’y adonner eux-mêmes, les plus jeunes suscitent chez leurs ainés, l’envie de pratiquer des activités créatives et faisant appel à l’imaginaire…ayant eu la chance de continuer à jouer de la sorte, de nombreux élèves de l’école sont devenus de grands artistes, de grands constructeurs, de grands conteurs et des penseurs créatifs. »

 

3) L’immersion dans le processus démocratique

L’école est gérée par le Conseil d’Ecole qui se réunit une fois par semaine. Il est composé d’un président et d’un secrétaire élus pour une période définie.

  1. Au CE, chaque membre présent, élève et personnel, a une voix, quel que soit son âge (1 membre=1 voix). Il n’y a pas d’obligation de présence.
  2. Le CE s’occupe de l’ensemble des décisions concernant le collectif (le budget, les sorties, l’intégration d’un nouveau membre,…). Cela implique des propositions, des discussions et des votes pour tout ce qui concerne l’école dans son ensemble.

Les jeunes acquièrent ainsi une compréhension profonde des enjeux du vivre-ensemble. Chacun assume sa part de responsabilité pour protéger la liberté et la sécurité de tous, garantir un climat de respect et assurer une bonne gestion de l’école.

 

 

4) La résolution des conflits

Un des devoirs les plus importants d’un Conseil d’école est la régulation du comportement dans l’école dans la mesure où ce comportement affecte la communauté.

Pour gérer cela, le CE mandate un organe appelé « Conseil de justice » ou encore « Comité d’enquête et d’arbitrage ». C’est un espace de parole.

Il est composé d’un président et d’un secrétaire élus pour une période définie, et par un jury composé de membres, représentants chaque tranche d’âge de l’école.

Le conseil de Justice se réunit, chaque jour, en fin de matinée pour régler les conflits et litiges de la veille.

Son rôle est :

  • de clarifier des faits
  • déterminer les règles non respectées
  • libre expression de chaque partie

Chaque membre, s’il est témoin d’un acte qui transgresse le règlement voté par le CE ou s’il est victime d’un acte d’agression, peut porter plainte. Pour cela il remplit un document mis en libre-service dans un endroit défini et le dépose dans « l’urne des plaintes ». Le lendemain matin chaque plainte est étudiée par le CJ, qui appelle vers 11h tous les membres impliqués pour chaque cas à venir témoigner ou se défendre.

Puis une sanction mesurée, selon la gravité de l’acte est proposée. Le membre qui a commis l’acte bien souvent propose de lui-même sa propre sanction.

Celle-ci peut être un simple rappel du règlement jusqu’à la suspension de l’école pour quelques jours.

Le Conseil de Justice est le garant de la sécurité de chaque membre de l’école.

 

5) Un personnel bienveillant et compétent

Les membres du personnel sont là en tant que facilitateurs et non en tant qu’enseignants.

Leur rôle est d’assurer la sécurité des élèves, rassurer ceux qui ont besoin de l'être, effectuer les tâches nécessaires pour que l'école fonctionne efficacement et en toute légalité (toujours sous mandat du Conseil d'école) et être à disposition de ceux qui souhaite profiter de leurs compétences, de leurs connaissances ou de leurs idées.

Ils ont surtout pleinement confiance dans les aptitudes naturelles des enfants à apprendre et se positionnent dans une relation de coopération et d’égalité avec eux.

Le personnel est comme tous les autres membres soumis aux règles définies par le CE, auquel il participe au même titre qu’un enfant de 6, 10 ou 16 ans.

 

6) Le libre échange des idées et l’absence de condescendances

Personne n’est jamais traité avec condescendance lors d’un Conseil d’école.

Un respect total est accordé à chaque point de vue.

Le développement intellectuel se produit le mieux dans un cadre où l'on peut partager des idées librement, sans censure ou peur d'être stigmatisé.

Les écoles Sudbury s’abstiennent délibérément de s'aligner à quelque idéologie religieuse ou politique que ce soit.

 

7) La totale responsabilité des enfants pour leur propre éducation et pour leur communauté

Nous sommes d’accord avec Mimsy Sadovsky, membre du personnel de l’école Sudbury Valley, pour dire que : 

« Le fait que l’école est gérée démocratiquement donne son sens à la liberté de l’école.

Notre philosophie de l’éducation requiert que chaque étudiant, quel que soit son âge, soit totalement responsable pour sa propre éducation.

Ça ne devient réel qu’à partir du moment où il est clair que ces étudiants doivent aussi être responsables pour leur communauté.

Le sentiment de responsabilité façonne chaque jour de la vie de chaque étudiant, et il est pris très au sérieux par tout le monde à l’école.

Il est important dans leur choix d’activités quotidiennes et dans leur attitude quant à la gouvernance de l’école. »

 

2. Quel accompagnement pour un enfant « Dys » ?

 

Le principe des écoles démocratiques est de faire confiance à chaque enfant (ou adolescent) dans sa capacité naturelle à apprendre.

Dans ces lieux, tous les apprentissages ont la même valeur, toutes les intelligences sont reconnues de la même façon (qu’elles soient musicales, visuelles, ou autres) et chacun évolue à son propre rythme.

Tous les enfants sont les bienvenus dans ce type d'école, dès lors qu'ils soient capables d'assumer les deux piliers fondamentaux que sont la liberté et la responsabilité. Il est en effet important que les membres soient autonomes, soient conscients de l’importance du respect du règlement intérieur construit par tous, et qu’ils prennent au sérieux les tâches qui leur incombent dans le cadre de la vie en collectivité.

 

Nous ne mettrons donc rien en place pour accompagner un enfant catégorisé « dys » par une institution. Les membres du personnel ne mettront pas d’étiquette sur un enfant, mais plutôt respecteront qui il est, c’est-à-dire une personne avec sa propre personnalité, ses propres idées, ses propres centres d’intérêt… Chacun choisira ainsi un parcours riche de sens et d’épanouissement pour lui, toujours à son rythme.

 

L’absence de pression et de jugement au sein des écoles démocratiques Sudbury permet aux enfants d’évoluer de manière beaucoup plus libre et résout souvent les difficultés qui étaient présentes dans une autre structure d’apprentissage.

 

3. Comment les enfants et adolescents issus d'une telle école, où il n’y a pas de contraintes, peuvent-t-ils s'adapter dans le monde du travail qui comporte des contraintes ?

 

« La liberté ne naît pas du chaos mais d’une structure bien définie. » Arno Stern (chercheur et pédagogue).

Les contraintes sont présentes au sein des écoles démocratiques. Elles peuvent même être plus nombreuses que dans une école traditionnelle. La différence vient du fait que ces contraintes, ces règles, sont définies par l’ensemble des enfants membres et des membres du personnel, et qu’elles ne sont pas immuables (elles peuvent être modifiées ou supprimées à tout moment lors d’un Conseil d’école).

 

Chacun a la responsabilité de ses apprentissages et aussi a la responsabilité de son environnement : personne ne décide pour eux, mais personne ne range pour eux, ne répare ou n’achète pour eux.

Les enfants ont un pouvoir de décision aussi valable qu’un adulte. Ils participent à la définition des règles du collectif et assument la conséquence de leurs décisions ou de leurs actes.

Aussi, la nécessité de s’autogérer et de bien vivre avec l’autre implique un vrai travail sur soi, à plus forte raison lorsque l’on a été habitué à être pris en main par des adultes et à ne décider de rien.

 

A la Conférence EUDEC de Paris, nous avons pu rencontrer des personnes sorties d’une école démocratique Sudbury. Leur témoignage révélait, entre autres, une capacité à pouvoir s’adapter à différents milieux sociaux, culturels et professionnels. Car, au-delà de l’acquisition des fondamentaux (socle commun des connaissances et compétences), ces personnes ont appris à se connaître, à développer leur potentiel dans des domaines qu’ils ont choisi, à exprimer leurs idées et leurs opinions, à respecter la vie d’un collectif avec ses règles définies.

 

4. A quel stade du projet en êtes-vous ? Quelle date prévisionnelle d’ouverture ? Quel tarif ?

 

Nous en sommes à la phase de modélisation, c’est-à-dire : Du projet à la création.

  • L’équipe fondatrice est constituée ainsi que l’équipe des membres du personnel dont 4 seront à temps plein: Dorothée Dufourd, Elsa Randé, Alexandre Bouquet et Audrey Domi et 3 seront à temps partiel: Céline Dabin, Willy Dabin et Johann Domi.
  • Création de l’association « Respire – Ecole démocratique » (association loi 1901), dont l’adhésion est portée à 20€/personne pour cette première année (2017-2018).
  • 4 réunions publiques ont eu lieu depuis le mois de mars 2017 (date de lancement du projet), dont 2 à La Rochelle, et un ciné-débat a été organisé autour du film « être et devenir » à Niort. Nous prévoyons d’organiser 2 réunions publiques à La Rochelle, chaque mois, afin de fédérer un collectif de parents, d'étudiants et de partenaires sympathisants au projet.
  • Campagne de « love money » auprès de nos proches (famille et amis) pour permettre de constituer une somme d’argent nécessaire à l’ouverture de l’école.
  • Nous avons déposé notre candidature à l’opération lancée par l’association « l’archipel des utopies » qui a pour objet d’aider financièrement des projets innovants avec un but d’intérêt général. Résultats en décembre 2017.

Les deux grands points sur lesquels nous travaillons, actuellement, sont :

  • L’identité visuelle de l’école et un nouveau site internet.
  • La recherche de locaux adaptés à ce type d’école, à La Rochelle ou à proximité.
  • La recherche de mécènes

 

Notre objectif est l’ouverture de l’école en septembre 2018. Néanmoins, nous souhaitons l’ouvrir le plus tôt possible, dès que nous aurons le lieu, selon le délai des formalités académiques et celles liées aux locaux.

 

Les tarifs dépendront du loyer des locaux et du nombre d’enfants inscrits.

Nous souhaitons pouvoir proposer aux familles des bourses pour les aider financièrement, d’où notre candidature à l’opération de « l’archipel des utopies » et à notre recherche de mécènes.

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