9 février 2018 – La Jarne
Nous remercions tous les participants présents à la 10ème réunion publique du projet Respire.
Présentation du projet – vidéo de l’Hudson Sudbury School et vidéo de Ramïn Faranghi « pourquoi j’ai créé une école où les enfants peuvent faire ce qu’ils veulent ».
L’école Respire est un projet d’école démocratique, inspirée du modèle Sudbury (la Sudbury Valley School, créée en 1968 près de Framingham aux Etats Unis). C’est un espace de vie qui offrira à chaque enfant la liberté et les ressources pour choisir leurs apprentissages suivant leur motivation et centres d’intérêt. Ils évolueront dans un environnement sécurisé et bienveillant où ils seront acteurs à 100% du fonctionnement même de l’école. En effet, les enfants auront le même pouvoir décisionnaire que les adultes présents dans l’école pour voter ensemble les décisions de gestion du collectif et les règles de vie commune.
Voici les thèmes et questions abordés :
1/ Comment se passe le processus d’apprentissage dans une telle école (zone proximale de développement)?
Nous apprenons naturellement, tous, chaque jour, de ce que nous faisons, de l’interaction avec notre entourage et du milieu dans lequel nous nous trouvons, parce que c’est vital pour nous.
« Apprendre c’est vivre, et inversement… J’apprends quand je suis impliqué dans ce que j’apprends. J’apprends ce qui a du sens pour moi. » Jean-Pierre LEPRI, ancien enseignant, inspecteur de l’éducation nationale, initiateur du CREA – Apprendre la vie : Cercle de Réflexion pour une Education Authentique (http://education-authentique.org/).
Dans une école de ce type, le mélange des âges (de 3 à 19 ans) est un élément fondamental pour permettre une interaction riche dans le sens où les enfants vont s’inspirer les uns des autres, vont apprendre à coopérer et à s’aider spontanément.
Les membres adultes, que l’on appelle des « facilitateurs » seront là pour veiller à la sécurité du collectif et pour répondre aux demandes et besoins de chaque membre enfant.
Du coup, quelle est la différence avec une école Montessori ?
La vision des écoles démocratiques est alignée sur celle Dr Maria Montessori : En observant les enfants, elle avait remarqué que l’élément fondamental pour soutenir leur développement était l’environnement dans lequel ils évoluaient ; Que c’est inné et vital pour un enfant d’apprendre (élément fondamental pour acquérir son indépendance) et que tout aide inutile entravait son bon développement.
Cependant, bien que des outils didactiques, pensés par Maria Montessori, peuvent être disponibles dans une école démocratique, ils ne sont qu’une ressource parmi tant d’autres. L’environnement étant libéré des classes d’âges, de programmes et d’évaluations imposés, il propose tout l’espace et le temps nécessaire aux enfants pour interagir, jouer librement, apprendre les uns des autres et relever tous les défis qu’ils se sont fixés.
C’est en cela une différence majeure avec une école dite « Montessori ».
Il est à noter que le jeu libre est l’outil le plus puissant que la nature ait créé pour permettre aux enfants d’apprendre.
Aussi, ces écoles permettent à de jeunes enfants d’évoluer au contact d’enfants plus âgés et vice-versa. Peter Gray l’explique très bien dans Libre pour apprendre : Les meilleurs enseignants sont les enfants et le mélange des âges (de 3 à 19 ans) permet cela.
2/ Pour intégrer votre école faut-il avoir un projet (centre d’intérêt) dès le départ ?
Non pas nécessairement. (Voir « questions fréquentes » du site)
Et est-ce que les enfants vont être en roue libre ou encadrés par des adultes ?
Les membres de l’école seront libres d’occuper leur journée comme ils le souhaitent. Ils se consacreront à ce qui les intéresse et pourront ainsi, éventuellement développer des passions, construire un projet seul ou avec d’autres. S’ils le souhaitent, ils pourront demander de l’aide au personnel facilitateur, qui pourra, si nécessaire faire appel à des intervenants extérieurs pour mener à bien le projet du membre étudiant.
3/ vous n’avez pas peur que le fait d’être totalement libre ne va pas impacter la vie de famille ou que ce soit le chaos à l’école?
Nous attendons des parents qu’ils soutiennent leur(s) enfant(s) ainsi que l’approche éducative et la philosophie choisie par l’école. Qu’ils aient confiance en leur(s) enfant(s) et se positionnent dans une relation de coopération et d’égalité avec eux, comme cela sera le cas à l’école.
Des règles de vie commune seront présentes, et peut-être même bien plus nombreuses que dans une école conventionnelle. La grande différence est qu’elles seront construites par le collectif et qu’elles évolueront au cours du Conseil d’école hebdomadaire.
4/ Accepterez-vous des enfants précoces ?
Oui, dès l’instant que ces enfants ou adolescents ont choisi d’intégrer notre école en ayant pris soin de connaître sa philosophie. Les membres du personnel ne mettront pas d’étiquette sur un enfant, mais respectera plutôt qui il est ; c’est-à-dire une personne avec sa propre personnalité, ses intérêts et ses idées.
Mais comment allez-vous voir qu’un enfant a une dyspraxie si vous ne l’évaluez pas ?
Quelles sont les véritables causes de ses troubles fonctionnels qu’on appelle plus communément « troubles dys » qui peuvent toucher le langage oral (dysphasie), le langage écrit (dyslexie), le calcul et l’arithmétique (dyscalculie), et d’autres? Il semblerait que personne aujourd’hui ne puisse donner une réponse valable. Mais ce qui est à noter est que ces troubles se révèlent le plus souvent à l’école, dans un environnement bien spécifique où l’enfant est contraint de suivre un programme.
Daniel GREENBERG, co-fondateur de l’école Sudbury, a remarqué qu’en 20 ans d’existence aucun cas de dyslexie n’avait eu lieu, « c’est peut-être que nous n’avons jamais forcé quiconque à apprendre à lire. » dit-il (extrait de « l’école de la liberté »).
Pour nous, le plus important est le respect du rythme de chaque enfant/adolescent.
5/ Comment les adultes vont interagir avec les enfants ?
Les adultes présents dans l’école ont pour rôle de garantir la sécurité de chaque membre et le bon fonctionnement de l’établissement. Ils incarnent également la philosophie de l’école qui repose sur le principe que « le seul apprentissage qui compte vraiment dans la vie a lieu lorsque l’apprenti se plonge de lui-même dans un sujet, sans être cajolé, soudoyé ou mis sous pression. ». Les membres du personnel n’interviendront que si un enfant/adolescent émet une demande : Anna GREENBERG l’exprime très bien dans un article intitulé « l’art de ne rien faire » (référence : « L’école de la liberté » de Daniel GREENBERG).
Les membres du personnel, selon leurs connaissances et compétences pourront répondre aux demandes des membres étudiant soit directement, soit en les orientant sur divers supports, ils auront aussi la possibilité de chercher ensemble, une personne extérieure afin de répondre parfaitement au besoin de l’étudiant. Des stages ou séjours pourront s’organiser selon les projets.
Mais, les enfants ont parfois besoin d’être stimulés ?
Les seules stimulations que l’école offrira à ses membres sont la liberté d’être et de faire (dans la mesure où cela ne nuit pas à la collectivité), l’environnement, la mixité des âges et l’égalité entre tous les membres.
Jean-Pierre LEPRI et bien d’autres experts comme André STERN, affirment qu’un enfant arrive au monde avec des dispositions spontanées qui lui permettront d’apprendre naturellement en fonction du milieu et de l’environnement dans lequel il se trouve. Un bébé qui nait « esquimau » sur la banquise, va apprendre tout ce qu’il faut pour vivre dans ce milieu. Idem pour un bébé qui nait dans un pays occidental ou au fin fond de l’Amazonie, il s’adaptera de toute façon à son milieu pour survivre. En grandissant, tous ces enfants vont apprendre, seuls, à marcher, puis à parler la langue qu’ils ont le plus entendu autour d’eux. Pourquoi leur soif d’apprentissage devrait s’arrêter là ? Nous partons du principe qu’il en sera de même pour tous les autres domaines (la lecture, l’écriture, le calcul…). Les enfants sont nés pour apprendre.
« Nous venons au monde avec le meilleur, le plus adapté et le plus incroyable des dispositifs d’apprentissage jamais inventés : le jeu. Et avec une qualité invincible : l’enthousiasme ». André STERN
Des études récentes en neurobiologie le confirment : il n’existe pas des gens bêtes ou des gens intelligents, comme beaucoup le croient encore de nos jours, mais nous sommes tous dotés d’un cerveau qui se développe quand on l’utilise avec enthousiasme. Et un enfant s’enthousiasme constamment. Il n’a pas besoin d’être stimulé, il a juste besoin de la liberté d’être lui-même et d’un environnement propice à son développement.
6/ Comment va se passer l’intégration d’un enfant ?
L’admission de nouveaux membres pourra se faire tout au long de l’année (suivant la place disponible et une répartition équilibrée des âges).
Il n’y a pas d’exigences en termes de « niveau scolaire ». Les principaux critères sont l’autonomie* et l’engagement du futur membre potentiel: dès l’instant qu’une personne émettra le souhait d’intégrer une école démocratique, qu’elle adhèrera au fonctionnement de la structure, et qu’elle s’engagera à participer à la vie en collectivité, elle aura toute sa place au sein de l’établissement.
Après un premier entretien avec la personne concernée et ses parents, une période d’essai de 2 semaines minimum sera proposée. Celle-ci permettra au membre potentiel et à l’école de décider s’ils souhaitent continuer l’aventure ensemble.
*Pour les membres de moins de 5 ans, nous accepterons uniquement des enfants autonomes pour manger, s’habiller, se chausser et aller aux toilettes.
7/ Avez-vous une idée des frais de scolarité?
Nous serons un établissement privé hors contrat, nous ne recevrons donc aucune subvention de la part de l'état. Le fonctionnement de l'école représente un coût important (loyer et entretien des locaux, achat de nouveau matériel, rémunération des membres du staff...) et des frais de scolarité seront donc demandés pour l'inscription de chaque membre.
Le prix du loyer nous étant inconnu pour le moment, nous ne pouvons pas encore définir le montant exact de ces frais mais nous les estimons entre 3 200 et 3 800 euros par an.
Ne pensez-vous pas que cela ferme l’accessibilité de votre école à certains enfants ?
Nous sommes conscients de l’effort financier que cela demande. Les familles qui choisiront d’inscrire leur(s) enfant(s) dans notre école devront sans doute prendre des mesures pour le faire (renoncer à certaines activités, vacances ou sorties,…).
Nous ferons tout pour que les frais de scolarité soit le plus bas possible sans que la structure financière de l’établissement ne soit en péril. Pour cela, nous souhaitons dès que possible proposer une aide financière sous forme de bourses, grâce à de généreux mécènes, comme c’est le cas à l’école démocratique de Paris.
8/ Dans le cas d’un enfant qui veut retourner dans le système classique, comment cela se passe ?
Et quand il veut aller à l’université ?
Dans les deux cas, ce sera de sa propre volonté. Il mettra donc, tout en œuvre pour atteindre ce qu’il souhaite.
Si l’étudiant veut retourner dans un établissement public ou privé sous contrat, il devra certainement passer des tests d’entrée (voir la note de service n°81-173 du 16 avril 1981 de l’éducation nationale).
S’il souhaite poursuivre des études supérieures, différentes étapes seront à valider telles que, par exemple, valider l’obtention du baccalauréat, passer un examen d’entrée ou un concours en candidat libre. Tout dépendra du parcours choisi par l’étudiant.
Le personnel sera présent pour le soutenir et l’encourager dans ses choix.
9/ Et pour les très jeunes enfants, comment cela va se passer?
Nous sommes encore en réflexion sur l’intégration des enfants de 3 ans, suite aux échanges avec les écoles démocratiques déjà existantes. L’école dynamique et l’école démocratique de Paris n’accepte plus qu’à partir de 4 ans.
Le concept de l’école est plus une difficulté pour les parents. L’enfant de 3 ans sera parfaitement épanoui dans ce genre de structure mais les besoins des parents ne seront pas forcément assouvis.
10/ Comment vont se passer les repas ?
Nous demanderons à chacun d’apporter son repas. Une cuisine et un coin repas sera à disposition des membres pour se préparer ou se faire réchauffer leur déjeuner. Il n’y aura pas de temps imposé pour manger, les membres seront libres de se restaurer quand bon leur semble.
11/ Si on a la liberté de faire ce que l’on veut alors autant ne pas aller à l’école ?
Les membres seront tenus d’être présent 6 heures par jour minimum, 4 jours par semaine (selon l’obligation d’assiduité de 24h/semaine demandée par l’éducation nationale). L’école sera fermée le mercredi. Ceci est également fondamental pour vivre en collectif dans un environnement particulier, propice au développement des enfants où l’interaction avec des personnes d’âges différents est très enrichissante et bénéfique.
12/ Quand pourrons-nous visiter les locaux ?
Ce sera sans doute possible au printemps. Nous vous tiendrons informés.
13/ Atelier avec Thierry PARDO le 21 mars à La Rochelle
Nous recevons Thierry PARDO le mercredi 21 mars à La Rochelle (lieu à préciser).
Il animera un atelier (avec une participation financière) autour des thèmes de la liberté et de l’éducation. Nous vous invitons à découvrir son portrait, son travail et ses recherches sur http://uneeducationsansecole.com/
14/ Rencontre EUDEC à TOURS: du 16 au 18 mars 2018
Les rencontres de l’EUDEC (communauté européenne de l’éducation démocratique) sont vraiment l’occasion pour tout un chacun de découvrir et de s’immerger dans les approches et la philosophie des écoles démocratiques ouvertes en France ou en cours de création.
Vous pourrez échanger, assister à des conférences, des débats sur différents thèmes autour de l’éducation.
Si vous souhaitez en savoir plus au sujet des écoles démocratiques, nous vous invitons vivement à nous retrouver à Tours durant ce week-end : vous trouverez toutes les informations sur http://www.eudec.fr/ tout en bas de la page d’accueil (billetterie).
L’événement aussi sur facebook : https://www.facebook.com/events/161687697804613/
A bientôt,
Toute l’équipe de l’école Respire.
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Lydia Darmon (samedi, 29 décembre 2018 11:29)
Bonjour,je viens de découvrir votre site et je suis soulagée de découvrir votre existence.
En effet mes deux enfants font aujourd'hui des études supérieures mais ils ont souffert chacun, du modèle scolaire académique. Je voulais vous encourager dans votre démarche ; que des écoles démocratiques se développent dans toutes les régions de France, pour le bien être des générations futures...
Cordialement